La première république noire

Extrait de la Aida Parker Newsletter

Voulez-vous un exemple sérieux de ce qui arrive à une économie agricole richement productive quand des révolutionnaires noirs massacrent ou chassent les fermiers blancs et détruisent les cultures et le bétail, amenant ainsi un héritage national de déclin, de destruction, de carnage et de chaos? Il n'existe aucun prototype meilleur que celui de l'ancienne colonie française de Saint-Domingue, la demi-île des Caraïbes aujourd'hui plus connue comme le pays des zombies, Haïti. Peu d'ordres politico-économiques dans l'histoire ont connu une ascension et une chute aussi dramatique dans la fortune nationale; bien que l'Afrique du Sud, sous le gouvernement de l'ANC/SACP, menace maintenant de la rejoindre.

Haïti fut découverte par Colomb en 1492. Après que les Espagnols aient détruits tous les indigènes [Indiens] qui vivaient à Haïti (en 1512), ils importèrent des esclaves africains pour travailler dans les plantations. En 1697, l'Espagne céda ce qui est maintenant Haïti à la France: une zone de 27.138 sq. km. Dans les années 1770, Haïti avait éclipsé d'autres colonies françaises des Caraïbes en prospérité. Les exportations de sucre étaient plus grandes que celles de n'importe quelle autre territoire dans le monde: si grandes que Haïti fournissait à la France tout ce dont elle avait besoin. Cela donnait à la France un énorme surplus, dont elle vendait les deux tiers à la moitié de l'Europe avec un énorme profit. Les terres de Haïti étaient fertiles, étendues et bien irriguées, ses plantations bien gérées.

En 1789 Haïti était la gloire des colonies françaises, «le joyau des Caraïbes, la plus riche colonie du monde», comme l'écrivit Bernard Diederich. La prospérité de la colonie était telle qu'en dollars ses importations et exportations excédaient celles des Etats-Unis entiers où, la même année 1789, George Washington avait inauguré son premier mandat de président. A son extrémité ouest, Cap Français (aujourd'hui Cap Haïtien), une cité de 25.000 habitants avec de jolis bâtiments publics et théâtres en pierre et en brique, était connue à juste titre sous le nom de «Paris des Antilles».

En 1789, la colonie était cultivée depuis 92 ans. Rodman écrit: «La riche plaine alluviale du Nord ... s'enorgueillissait d'un millier de maisons de planteurs derrière des portails monumentaux à colonnades. Elle brillait la nuit de la joyeuse illumination des bals raffinés, des voitures éclairées et du rougeoiement des fours et des tas de canne à sucre des installations raffinant sans interruption». Tout cela allait bientôt changer.

En 1789, la Révolution Française avait renversé le Roi et proclamé la doctrine de la «liberté, égalité et fraternité». Inspirée par les événements de France, une révolte d'esclave était imminente. A la veille de ce déchaînement, il y avait quelque 40.000 Blancs à Saint-Domingue, 30.000 Noirs affranchis et mulâtres, et presque 500.000 esclaves. A leur meilleure époque, les ressources militaires françaises de la colonie étaient insuffisantes. Et elles étaient loin de leur meilleure époque.

Le 15 mai 1791, l'Assemblée Révolutionnaire de France vota la pleine égalité entre les Blancs et tous les mulâtres mâles nés de deux parents libres. Bien que cela ne concernait que 400 hommes, cela devait inspirer la première insurrection violente et furieuse des Noirs. Le mot fureur n'est pas seulement au figuré. Le feu qui avait été allumé parmi un demi-million d'esclaves noirs ne devait pas s'éteindre avant que les 40.000 Blancs de la colonie et la majorité des Noirs libres et des mulâtres aient été tués ou chassés de l'île jusqu'au dernier.

En août 1791, le couvercle de la colonie sauta. Les esclaves révoltés devinrent une grande foule qui se déchaîna, déracinant, incendiant et détruisant. En peu de temps Haïti fut dominée par des bandes d'esclaves en maraude. La dévastation était partout. A Paris l'Assemblée Révolutionnaire s'était placée carrément du coté des Noirs. On laissait entendre que l'émancipation des esclaves était à portée de la main.

Les Blancs réalisèrent pleinement qu'ils seraient soumis à une extermination totale si les Noirs prenaient le contrôle. Les colons parlaient maintenant de sécession avec la France. Tout commerce normal cessa à Haïti. Les Blancs commencèrent à s'armer contre la révolution noire dont ils craignaient qu'elle ne les submerge. Des ordres vinrent de Paris disant que les esclaves devaient écraser tout début de résistance des Blancs.

C'en était trop pour la plupart des Blancs, qui abandonnèrent et partirent, souvent sans rien d'autre que les vêtements qu'ils portaient. Ils furent les plus chanceux. Bientôt de grands feux purent être vus dans la campagne. Les Nègres brûlaient les champs de canne à sucre et massacraient tous ceux des Blancs et des Noirs libres qui n'avaient pu fuir à temps.

Des milices squelettiques et sous-équipées allèrent à l'intérieur des terres en patrouilles de reconnaissance. Peu revinrent. Les histoires rapportées par les survivants étaient à glacer le sang. Les hommes étaient immédiatement hachés à mort, mais les femmes étaient violées par des groupes d'esclaves avant d'être torturées à mort, en même temps que leurs enfants. Dans certains cas les femmes étaient jetées sur les corps de leurs maris, pères ou frères, puis violées.

Le 3 février 1794, le gouvernement révolutionnaire français abolit officiellement l'esclavage et déclara que tous les Nègres de Haïti étaient des citoyens libres de l'Etat. En 1798 la révolution avait réussi à la fois à établir la liberté des esclaves et, d'une manière décisive pour le développement du Haïti moderne, à détruire la base agricole rentable du pays. A la fin de 1803, la plus riche colonie de la France était sans ressources, une terre désolée fumante.

Les effets de ces événements historiques ont duré jusqu'à ce jour. Pendant 195 ans Haïti ne produisit rien d'autre que horreur, pauvreté, maladie, massacres sporadiques et dictatures brutales. Haïti reçut son nouveau nom le 1er janvier 1804, sur proclamation de l'ancien esclave auto-affranchi, Jean-Jacques Dessalines. Son premier acte après s'être couronné lui-même empereur, à l'imitation de Napoléon, fut de prendre le drapeau tricolore de la France et d'en déchirer la partie blanche.

Dessalines était à peine installé sur son trône impérial que l'ordre vint du massacre total de la population blanche. Le 25 avril 1805, il publia la proclamation qui établissait officiellement un Etat noir à Haïti et qui bannissait pour toujours les Blancs de ses côtes. En 1806 toute la population blanche avait été massacrée et l'île ensanglantée retourna à la jungle.

Sous le président Jean-Pierre Boyer (1820-1843), Haïti devint irrévocablement un pays de petits exploitants illettrés, Noirs, parlant le créole. De 1843 à 1915 il y eut 22 présidents. Techniquement - et cela aussi devrait être de quelque importance pour les Sud-Africains --, Haïti avait eu un gouvernement mais n'avait jamais été gouvernée.

Aujourd'hui, sous la domination noire, il ne reste plus de fermes commerciales rentables. Haïti est une nation chétive, misérablement pauvre. Les forêts ont été dénudées et jamais remplacées. En effet, seulement 2% du pays est encore boisé. Les millions de pauvres cherchent leur subsistance dans les sols appauvris des vallées dénudées, en faisant pousser le sorgho, le riz, les ignames et les haricots. Les plus riches élèvent quelques porcs sur de minuscules terrains. Au sommet de sa gloire, Haïti portait 250.000 bestiaux et un grand nombre de porcs.

Ses cités sont des taudis délabrés et sales. Bien qu'étant nominalement catholique, les rites barbares du culte vaudou, une survivance de l'héritage de la population africaine, y fleurissent encore. Haïti a un taux de natalité extrêmement élevé: un récent sondage a montré que 100 % des Haïtiens voulaient émigrer aux Etats-Unis. Le tourisme vers l'île est aujourd'hui grandement découragé par la réputation d'Haïti d'être un réservoir majeur du SIDA.

Commentaire de l'APN: vous avez entendu dire que ceux qui ne veulent rien apprendre de l'histoire sont condamnés à la revivre. Ce que les conspirateurs de la Révolution Française ont fait à Haïti, leurs successeurs l'ont également fait en Angola, au Mozambique, en Zambie, au Zimbabwe et maintenant ils le font en Afrique du Sud. Ce serait une erreur de pousser trop loin le parallèle avec la confrontation raciale de Haïti dans les années 1789-1806. Mais ce serait peut-être une plus grande erreur de négliger complètement l'étude de ce parallèle.


 

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