Vision du monde

Francis Parker Yockey

La technique pour éliminer la résistance américaine à la déformation de la Culture a été l'uniformité. Tous les Américains ont été invités à s'habiller de la même manière, à vivre de la même manière, à parler de la même manière, à se comporter de la même manière, et à penser de la même manière. Le principe de l'uniformité considère la personnalité comme un danger et aussi comme un fardeau. Ce grand principe a été appliqué à tous les domaines de la vie. La publicité d'un genre et à une échelle inconnus en Europe fait partie de la méthode pour éliminer l'individualisme. On voit partout les mêmes visages vides et souriants. La principe a surtout été appliqué à la femme américaine, et dans son vêtement, son maquillage, et son comportement, elle a été privée de toute personnalité.

Une littérature, vaste et inclusive, a surgi pour mécaniser et uniformiser tous les problèmes et les situations de la vie. Des livres sont vendus par millions pour dire aux Américains «comment se faire des amis». D'autres livres lui disent comment écrire des lettres, comment se comporter en public, comment faire l'amour, comment s'amuser, comment uniformiser sa vie intérieure, combien d'enfants il faut avoir, comment s'habiller, et même comment penser. Le même principe a été étendu à l'enseignement supérieur, et le point de vue selon lequel chaque petit américain a droit à une éducation supérieure n'est jamais contesté. C'est seulement en Amérique qu'il a été possible à un journaliste de dénoncer la haute physique parce qu'elle crée une sorte d'aristocratie.

Un concours a récemment été organisé en Amérique pour trouver «Monsieur Homme moyen». Les statistiques générales furent employées pour trouver le centre de la population, la distribution maritale de la population, le nombre de familles, la distribution rurale et urbaine, et ainsi de suite. Finalement un homme et une femme avec deux enfants dans une ville de taille moyenne furent choisis comme la «famille moyenne». Ils furent ensuite invités à un voyage à New York, furent interviewés par la presse, fêtés, sollicités pour promouvoir des produits commerciaux, et recommandés à l'admiration de tous ceux qui manquaient d'une manière quelconque de la qualité désirée de «moyenne». Leurs habitudes à la maison, leur rythme de vie furent tous soumis à une investigation, et ensuite à une généralisation. Ayant trouvé l'homme moyen de haut en bas, ses idées et sentiments furent alors généralisés comme pensées et sentiments moyens impératifs.

Dans les «universités» américaines, les maris et les épouses suivent des cours sur l'adaptation au mariage. L'individualisme ne doit même pas être exprimé dans une chose aussi personnelle que le mariage. En Amérique, le déformeur de Culture a imposé une manière de faire chaque chose. Les hommes remplacent les chapeaux en feutre par des chapeaux de paille à un certain jour de l'année et à un certain autre jour se débarrassent des chapeaux de paille. L'uniforme civil est aussi rigoureux - pour chaque type de situation - que le plus strict costume militaire ou liturgique. Les écarts par rapport à cela sont sujets à des sarcasmes ou à des interrogations. Les arts ont été intégrés dans le maître-plan. En Amérique, avec ses 140 millions d'habitants, il n'y a pas une seule troupe d'opéra permanente, ni un seul théâtre permanent. Tous les théâtres produisent seulement des «revues» et des pièces de propagande journalistiques.

Pour le reste, il y a seulement le cinéma, et c'est, finalement, le plus puissant moyen d'uniformisation de l'Américain par la classe supérieure des déformeurs de Culture.

Dans un pays qui a produit West, Stuart, et Copley, il n'y a aujourd'hui pas un seul peintre de renom qui continue dans la tradition occidentale. «Abstractions», insanité picturale, et goût de la laideur monopolisent l'art pictural.

La musique est rarement entendue en Amérique, ayant été remplacée par le battement de tambour primitif du Nègre. Comme le dit un «musicologue» américain, «le rythme du Jazz, emprunté aux tribus sauvages, est en même temps raffiné et élémentaire et correspond à la disposition de notre âme moderne. Il nous stimule sans interruption, comme le battement de tambour primitif de la danse sacrée. Mais il ne s'arrête pas là. Il doit en même temps tenir compte de l'excitabilité de la psyché moderne. Nous avons soif d'excitation rapide, de changement constant, de stimuli. La musique a un excellent moyen d'excitation, consacré par l'usage, le rythme syncopé».

La littérature américaine, qui produisit Irving, Emerson, Hawthorne, Melville, Thoreau et Poe, est aujourd'hui entièrement représentée par des déformeurs de Culture qui font entrer des thèmes freudiens et marxistes dans les pièces et les romans.

La vie familiale américaine a été complètement désintégrée par le régime déformeur de Culture. Dans le foyer américain ordinaire, les parents ont en fait moins d'autorité que les enfants. Les écoles n'imposent pas de discipline, ni les églises. La fonction de formation des esprits des jeunes a été abdiquée par tous en faveur du cinéma.

Le Mariage en Amérique a été remplacé par le Divorce. Cela est dit sans intention paradoxale. Dans les grandes villes, les statistiques montrent qu'un mariage sur deux se termine par un divorce. En prenant le pays dans son ensemble, le chiffre est de un sur trois. Cette situation ne peut plus être appelée Mariage, car l'essence du Mariage est sa permanence. Le marché du divorce est un grand commerce sur lequel prospèrent les avocats, les détectives privés et autres charlatans, et dont souffre le standard spirituel de la nation, comme cela apparaît dans l'attitude émotionnellement indifférente des enfants américains.

L'érotisme occidental, fondé sur la chevalerie de l'époque médiévale, avec l'impératif de l'honneur concomitant des siècles d'histoire occidentale, a été chassé. L'idéal de Wedekind, le déformeur de Culture qui prônait la vie de bohême obligatoire en Europe au tournant du 20ème siècle, a été réalisé par le régime déformeur de Culture en Amérique. Le puritanisme inversé a surgi. Dans ce nouveau sentiment, la perspective puritaine est conservée dans les questions sexuelles seulement pour s'en moquer dans le cinéma et la littérature. La thèse de Baudelaire «dans le mal seulement se trouve la félicité» a été reprise par le déformeur, et a entraîné la complète désintégration de la moralité américaine dans tous les domaines. Dans cet effort, la musique de jazz est un auxiliaire utile, car ce battement primitif n'est rien d'autre que l'expression du désir dans le monde des sons, un monde qui est capable d'exprimer toutes les émotions humaines, les plus élevées comme les plus basses.

Une partie de cette perversion générale est l'obsession de la jeunesse physique qui s'est répandue partout en Amérique. Les hommes et les femmes, mais surtout ces dernières sont intimement obsédés par l'idée de rester physiquement jeune dans leur apparence. La publicité joue de ces peurs et les commercialise. La «girl» est le type féminin idéal. La femme mure aspire à être une girl, mais pas l'inverse. Un culte de la «girl» a surgi, qui, avec le cinéma, la revue, le jazz, le divorce, la désintégration de la famille, et l'uniformité, sert le vaste objectif de la destruction des sentiments nationaux de l'Américain.

Avec l'uniformité il y a la technique de l'excitation. La presse présente chaque jour de nouvelles sensations. Pour le but général, il est indifférent que la sensation soit un meurtre, un kidnapping, un scandale gouvernemental, ou une rumeur de guerre. Mais pour des buts particuliers, politiques, ces dernières sensations sont les plus efficaces, et pendant les années de préparation de la Seconde Guerre Mondiale, le déformeur fournissait chaque jour une nouvelle «crise». Le processus s'accrut jusqu'à ce que la population soit prête à accueillir le déclenchement de la guerre comme un soulagement après la tension nerveuse sans cesse croissante. Quand la guerre apparut, le déformeur l'appela immédiatement une «guerre mondiale» en dépit du fait que seules trois puissances politiques étaient engagées, et que les plus grandes puissances n'étaient pas impliquées. C'était, bien sûr, destiné à éliminer toute possibilité de guerre limitée dans l'esprit américain, et à préparer une intervention américaine.

La tension après l'excitation, le plaisir, et le mouvement constant ont créé une vaste vie nocturne, un monde souterrain criminel qui stupéfie l'imagination des Européens, et une hâte à passer d'une chose à une autre qui exclut la possibilité de contemplation, ou de culture individuelle. Presque un pour cent de la population globale vit du crime professionnel. Le goût de la lecture a été enlevé aux Américains, puisque l'idée est de «faire quelque chose». La culture individuelle est généralement étouffée dans de telles conditions, et les idéaux de masse dominants imposent des limitations à la forme d'une telle culture personnelle lorsqu'elle est atteinte. Toute l'histoire, toute la pensée, tous les événements, tous les exemples sont utilisés pour prouver la validité de l'idéal de la vie de masse, et de l'idéologie américaine.

II

Dans l'atmosphère rationaliste et matérialiste de l'Amérique du 19ème siècle, il n'y avait qu'un lien très faible avec les sublimes traditions médiévales occidentales du sens spiritualisé de la vie, mais sous le régime déformeur de Culture depuis 1933, l'Amérique a été complètement désenchantée. Sur tous les plans, la réalité ultime du monde et de la vie est matérialiste. Le but de la vie est le «bonheur». Cela doit être ainsi, puisque la vie elle-même n'est qu'un processus physico-chimique, et des articles paraissent qui annoncent comme imminente la découverte d'une «formule» de la vie par des «scientifiques».

L'aspect contractuel de la vieille religion puritaine, qui considérait l'Homme et Dieu comme étant liés l'un à l'autre, a été poussé jusqu'à ses limites extrêmes, et toute la vie est simplement une succession de relations juridiques. Le patriotisme est simplement un devoir légal envers la proposition mondiale appelée Amérique, qui a été identifiée à la mission de déformer toute la Civilisation Occidentale à travers un processus d'«éducation» de l'Europe. L'héroïsme au sens occidentale est inconnu, et le héros que la population admire est un grand capitaliste qui a transformé une grande partie de la richesse publique en ses ressources privées, ou encore un acteur de cinéma souriant. Une chose comme un grand mouvement spirituel ou un soulèvement national n'est pas comprise en Amérique, d'abord parce qu'elle n'a rien connu de la sorte dans son histoire, et ensuite parce que le déformeur a rendu toutes ces choses ridicules. On enseigne à l'Américain que la vie est un processus consistant à cultiver des relations amicales avec tout le monde, à rejoindre autant de clubs et de sociétés secrètes que possible, et à confiner toutes ses pensées et efforts au plan personnel.

Le «happy end» est l'idéal de la vie et de la littérature. On ne pense pas à tenir bon sous les coups du sort les plus durs et les plus écrasants. Ceux-ci sont surmontés et évités en un clin d'œil. L'homme chanceux, et non l'homme qui a souffert en silence et qui est devenu plus fort, est la figure centrale de la littérature du happy end.

L'opposition entre l'idée occidentale d'accomplissement du Destin et le substitut désintégrant du déformeur de Culture, appelé «happy end», est en fait l'idée centrale de la vision du monde qu'il désire imposer à la nation américaine prostrée et à sa Civilisation Occidentale parente. L'opposition irréconciliable entre ces deux idées s'étend du plan personnel à l'économie nationale, la société, l'Etat, la religion et l'éthique

Le grand sentiment occidental de la Vie est la nécessité d'être soi-même, de préserver en soi ce qui ne peut pas faire l'objet d'un compromis, ce qui est synonyme d'Ame, de Destin, d'Honneur, de Race. L'idée de «happy end» du déformeur est opportuniste, faible, dégénérée, et révoltante pour le sentiment occidental de l'honneur. Le visage vide et souriant, l'esprit uniforme, la course insensée après le bruit, le mouvement et la sensation, l'obsession de faire de l'argent et de dépenser de l'argent, le rejet de tout standard spirituel de réalisation - tout cela reflète simplement l'interprétation basique de la Vie comme étant la recherche d'un happy end. Pour le bonheur on fera des compromis sur tout, on donnera tout, on vendra tout. Le bonheur devient synonyme de recherche de motifs économiques et sexuels. Cela exclut absolument toute lutte désintéressée contre l'adversité, simplement pour rester soi-même. La compréhension et le respect pour la tragédie de la Vie, la magie de la Vie, la puissance de l'Idée, sont exclus par le sentiment du happy end.

Toute idée de ce genre est tout à fait impossible pour les Européens du 20ème siècle, même s'ils n'avaient pas vu l'horrible catastrophe de la Seconde Guerre Mondiale, dans laquelle l'Europe succomba à la double invasion des barbares et des déformeurs. Aucun grand artiste, aucun religieux, aucun grand penseur, ne s'est jamais dupé lui-même en pensant que la Vie avait le sens d'un «happy end». Dans les temps misérables et écrasants, l'homme occidental s'endurcit plutôt que d'accepter les coups que le Sort peut garder en réserve pour lui. Il ne parle ni de bonheur ni de malheur, et il ne tente pas d'éviter les faits en regardant ailleurs. Regarder ailleurs n'est pas une solution, mais seulement le retardement d'une expiation ultérieure. Le happy end a une signification purement négative. C'est une négation de la Vie, une évasion hors de la vie. C'est donc une tromperie, et une contre-vérité.

Le chaos racial en Amérique, qui, délibérément perpétué par le déformeur, lui livre la nation américaine d'une manière plus assurée, est possible seulement grâce au programme de dé-nationalisation des Américains. Ce programme commence avec la propagande dans les écoles qui enseigne que l'Amérique n'a pas été colonisée, défrichée, conquise ou bâtie par les Américains, mais par un grand conglomérat d'étrangers. On enseigne que les contributions du Juif et du Nègre ont eu une influence formatrice décisive sur le «rêve américain». Dans l'Etat de New York, le Marchand de Venise de Shakespeare est interdit d'enseignement dans les écoles. La promotion de l'idée anti-spirituelle et anti-nationale du «happy end», avec son obsession, économique et sexuelle, et son atomisme social, est la condition préliminaire à la continuation de tout le programme de dégénérescence.

Les races et les nations s'expriment à leur plus haut potentiel dans les individus forts, qui incarnent les principales caractéristiques nationales, et acquièrent une immense signification symbolique historique. Par conséquent, les efforts du déformeur de Culture pour étouffer la nationalisme américain prennent la forme d'une offensive contre l'individualisme, pas contre l'individualisme anormal et malsain, mais contre la seule sorte qui est historiquement efficace - l'individualisme qui concentre en lui-même une Idée supérieure, et qui dévoué à son service.

Ainsi la plus haute valeur sociale est de «s'entendre avec les gens». Les fortes caractéristiques d'indépendance ou de force doivent être mises de coté, et l'idéal de la médiocrité doit être embrassé. La spiritualité universelle, la même nourriture intellectuelle pour toutes les classes, remplace la stratification naturelle et organique de la société. Cette nourriture, à nouveau, n'a qu'une mesure quantitative de valeur. De même que le meilleur produit est celui qui bénéficie du plus de publicité, le meilleur livre est celui qui fait les meilleures ventes. Le meilleur journal ou périodique est celui qui a la plus grande circulation. Cette équation de la quantité avec la qualité est l'expression complète de l'idée de masse, la négation de l'individualité.

Un corollaire naturel de la maladie du bonheur est le pacifisme. Cela signifie seulement le pacifisme intellectuel, car le déformeur de Culture sait comment utiliser les instincts combatifs du type américain natif. Le pacifisme intellectuel est de la propagande de guerre. L'idée est identifiée à l'idée de la guerre elle-même, et le combattre est combattre la guerre. Naturellement l'esprit hollywoodien est incapable d'élever une population à la dureté, au sacrifice, à l'héroïsme, au renoncement. Par conséquent les armées américaines au front pendant la Seconde Guerre Mondiale durent être approvisionnées par un fleuve immense et incessant de livres d'images, de chocolat, de boissons douces, de bière, de juke-boxes, de films, et de jouets de toutes sortes.

Les principes essentiels ne peuvent pas être évités, et ce fut ainsi qu'en dépit de huit années de préparation par le plus intense bombardement d'artillerie émotionnelle que le monde ait jamais vu, à travers les films, la presse, la scène et la radio, il n'y eut jamais aucun enthousiasme guerrier dans la population américaine, et un sentiment négatif dans les armées qui étaient massées contre l'Europe pendant la Seconde Guerre Mondiale. Sur 16 millions d'hommes qui furent inclus dans les forces armées du début à la fin de la brève participation militaire de l'Amérique dans la Seconde Guerre Mondiale, moins de 600.000 étaient des volontaires. Presque le double de ces nombreux volontaires parmi moitié moins de gens fut levé en une année dans une seule nation européenne pendant la Première Guerre Mondiale. Une grande partie des volontaires américains avait déjà été appelée pour la conscription imminente, et se portèrent volontaires pour l'apparence.

L'idée occidentale d'accomplissement du destin, avec son impératif intérieur de l'honneur et de la fidélité à ses convictions, signifie que les vulgaires sont naturellement les ennemis des justes. Aucune idée supérieure n'est pour tout le monde, et toute la créativité vient du petit nombre. Les actions avec un contenu éthique élevé ne peuvent pas être réalisées par tous, et celui qui en est capable n'a pas de raison d'en avoir honte, de renoncer à ses valeurs spirituelles, et d'adopter le visage souriant, le vide intérieur, et l'idéal du «s'entendre avec les gens», même au prix de son âme.

Même la destruction et la déformation à l'échelle à laquelle elles furent introduites avec succès en Amérique sont l'œuvre d'une minorité. Les masses américaines et étrangères sont un simple objet de la déformation. L'unité organique qui considère la désintégration de l'Amérique comme une partie de sa propre mission de vie constitue, à sa base la plus large, seulement dix pour cent de la population de l'Union Américaine. Et parmi ces dix pour cent, ce sont comparativement quelques cerveaux et une solide classe de leaders qui réalisent la politique de la Culture-Etat-Nation-Religion-Peuple-Race juive. Pour ces leaders, la grande masse de leur propre peuple est simplement du matériel humain pour la guerre non-militaire contre la Civilisation Occidentale partout dans le monde. Ces cerveaux n'ont pas besoin d'être considérés comme animés par la méchanceté ou par des motifs malveillants. Pour eux la Civilisation Occidentale est le dépôt du mal et de la haine collectifs du monde, la source d'un millier d'années de persécution, une monstruosité cruelle et déraisonnable, une force sinistre travaillant contre l'Idée messianique juive.


Francis P. Yockey, Imperium, pp. 502-511. Trad. Arjuna. Première édition en 1948; deuxième édition: Costa Mesa, CA: Noontide Press, 1962.

 

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